Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

Le nouveau « plan loup » ne satisfait ni les éleveurs ni les défenseurs de l’animal

Le gouvernement a révélé, vendredi 23 février, à la veille de l’ouverture du Salon de l’agriculture et alors que la crise agricole n’est pas éteinte, la version définitive du cinquième « plan national loup » pour la période 2024-2029, à la suite d’une réunion du groupe national consacré au sujet mardi. Une première version de ce plan avait été critiquée en septembre 2023, que ce soit par les éleveurs ou par les associations de défense de l’environnement, qui avaient claqué la porte de l’instance consultative. Sa version définitive subit le même accueil. Du côté des représentants des éleveurs ou de celui des défenseurs de l’animal, personne n’est satisfait.
« On est très déçus, réagit Bernard Mogenet, le responsable loup de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). Malgré toutes les mobilisations et les propositions qu’on a faites, on ne nous a pas écoutés. » Pour Jean-David Abel, pilote du réseau biodiversité de France Nature Environnement (FNE), au contraire, « l’Etat se sert de la biodiversité comme d’une variable d’ajustement dans ses relations avec la FNSEA ».
Le plan est accompagné de deux arrêtés fixant respectivement les dérogations de tirs sur les loups pouvant être accordées par les préfets et les indemnisations aux éleveurs en cas de pertes directes (morts d’animaux d’élevage). Le loup, qui avait été exterminé au XIXe siècle, a fait son retour en France dans les années 1990 en passant par les Alpes italiennes. On comptait, en 2023, 1 104 individus sur le territoire national, contre 430 en 2018.
Premier point cristallisant les tensions : la simplification des tirs de défense, lorsque des loups attaquent des troupeaux. Le nouvel arrêté, publié au Journal officiel, permet notamment de passer d’un tireur à deux, voire trois, selon les circonstances, pour des tirs de défense simple (possibles seulement après avoir tenté les moyens de protection classiques, par exemple les chiens patous, et uniquement en situation d’attaque à côté du troupeau).
Les agriculteurs pourront aussi être équipés d’appareils de vision nocturne (tels que des jumelles thermiques). Les louvetiers, bénévoles assermentés chargés de réguler certaines espèces, n’auront plus à éclairer le loup avant de tirer et pourront utiliser un matériel de visée nocturne.
Le plafond de tirs, qui correspond à 19 % de la population lupine totale, reste cependant inchangé : 207 loups ont été « prélevés » en 2023, sur un plafond de 209 individus. « On répond à un certain nombre de demandes de la profession agricole tout en travaillant sur l’équilibre entre préservation de la biodiversité et élevage », assure-t-on au ministère de l’agriculture. En 2023, 11 500 animaux d’élevage ont été tués par des attaques de loups, un chiffre relativement constant depuis 2017.
Il vous reste 57% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

en_USEnglish